Homélie du 18ème dimanche du temps ordinaire (3 aout)
Abbé Jean Compazieu | 25 juillet 2014Dieu nourrit son peuple
Textes bibliques : Lire
Le prophète Isaïe (1ère lecture) nous parle d’une nourriture gratuite, abondante, des viandes savoureuses. Il y a vraiment de quoi rêver. Mais en écoutant ce texte, il nous faut d’abord chercher le vrai message que le Seigneur adresse à son peuple. Et nous, comment pouvons-nous le recevoir aujourd’hui, dans la situation qui est la nôtre ?
Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que le prophète s’adresse à des gens qui vivent loin de chez eux en terre d’exil depuis cinquante ans. Ils n’en peuvent plus de subir toutes ces épreuves. Pour eux, il n’y a aucune perspective d’avenir. Ce peuple est tellement découragé qu’il a renoncé à faire confiance à ses prophètes. La résignation remplace le combat et l’espoir. Mais voilà qu’aujourd’hui, survient une promesse qui peut tout changer.
Le prophète Isaïe sait que son peuple aspire à une vie meilleure. Lui-même partage ses angoisses et ses interrogations. Mais aujourd’hui, il parle “au nom du Seigneur”. Il promet à son peuple une vie meilleure s’il se met vraiment à l’écoute de Dieu : “Ecoutez le Seigneur et vous vivrez”. La vie du peuple dépend du Seigneur, de Celui qui donne en abondance. Pour nous qui vivons dans un monde où tout s’achète et se vend, c’est vraiment nouveau.
Ce qu’il faut surtout comprendre, c’est que le Seigneur nous offre un cadeau bien plus important qu’une table bien garnie ou des armoires pleines de nourriture. C’est lui qui se donne ; il s’engage pour toujours sans mettre de condition. Ce que Dieu nous donne n’est jamais un dû. C’est un cadeau absolument gratuit qu’il nous offre sans mérite de notre part. Nous sommes tous invités à nous en remettre à lui, même dans les situations les plus désespérées.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous parle précisément de cette gratuité du don de Dieu en Jésus Christ. Lui-même vit une situation très difficile. Il est persécuté et mis en prison. Mais il pousse un cri de joie car il a découvert la bonté du Seigneur. Même au milieu des pires difficultés, il ne cesse de crier sa confiance car il sait que rien ne peut le séparer de l’amour de Dieu. Ils sont nombreux aujourd’hui les chrétiens persécutés qui témoignent de leur attachement inébranlable au Seigneur.
Dans l’Evangile, c’est la promesse d’Isaïe qui se réalise. En Jésus, c’est Dieu qui a vu la misère de son peuple affamé. Il est saisi de pitié devant tous ces gens. Il guérit les infirmes. Il vient pour guérir et donner aux hommes la paix. A travers ces paroles et ses gestes, c’est l’amour et la miséricorde de Dieu qui se donnent aux hommes. En ce jour, nous demandons à l’Esprit Saint de rendre nos cœurs pareils à celui du Christ, attentifs et ouverts devant la misère et la faim de nos frères. Nous sommes envoyés pour témoigner de cet amour passionné qui est en Dieu. Mais si nous voulons être crédibles aux yeux du monde, il faut que cela se voie dans notre vie, il nous faut mettre nos actes en accord avec l’Evangile.
Le soir venu, c’est le signe de la multiplication des pains. Toute la foule a été rassasiée. Le danger serait de ne voir que le côté merveilleux de cette histoire. C’est vrai que nourrir toute une foule dans un endroit désert, c’est extraordinaire. Mais ce n’est pas le plus important. Cet Evangile nous invite d’abord à reconnaître Celui qui se révèle. Aujourd’hui comme autrefois, il prend soin de son peuple ; il nous nourrit gratuitement. En lui et par lui, c’est tout l’amour du Père qui se donne.
Mais aujourd’hui, il nous faut faire un pas de plus : Jésus a été envoyé pour nourrir l’homme affamé de Dieu. Et puis, il y a un point important qu’il nous faut souligner : Les auteurs des évangiles, ont perçu ce miracle comme un signe de l’Eucharistie. Les gestes de Jésus sont les mêmes qu’à la Cène : “Il prit les cinq pains, il prononça la bénédiction, il rompit les pains, il les donna.” Ce pain qui est annoncé dans l’Evangile de ce jour, c’est celui de la Vie éternelle ; c’est son Corps livré pour nous et pour la multitude. Il y eut douze paniers pleins des morceaux qui restaient. C’est l’annonce de la vraie multiplication des pains qui ne cesse de s’accomplir par le ministère des prêtres.
la multiplication des pains nous enseigne que Dieu nous donne une nourriture qui développe en nous notre capacité d’aimer. Elle nous ouvre à l’humanité toute entière. Tous les hommes sont “invités au festin des noces”. Jésus n’est pas venu pour quelques privilégiés mais pour la multitude. Quand le prêtre dit : “Heureux les invités au Repas du Seigneur”, il ne s’agit pas seulement de ceux qui sont présents physiquement mais de tous les hommes sans distinction. Tous sont invités à partager le don de l’Eucharistie, le don que Jésus fait de sa vie et qu’il fait totalement sans rien garder pour lui.
En sortant de cette messe, nous sommes envoyés vers les autres avec un panier plein. Comme autrefois, Jésus continue à nous dire : “Donnez-leur vous-mêmes à manger”. Donnez à ceux qui ont faim de pain, faim d’amour, faim de reconnaissance. Si nous unissons nos forces humaines à celles du Christ, le miracle pourra se reproduire et l’Eglise revivra.
En ce jour, nous faisons nôtres les paroles de cette prière : Tu nourris tous ceux qui ont faim de ta Parole et de ton pain. Les peuples sont rassasiés dans ton amour multiplié. Merci, Seigneur, merci.
Sources : Revues Signes, Feu Nouveau, Dimanche en paroisse – Lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye) – guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP Bagot)
Jésus prend mes misérables offrandes et fait avec de beaux miracles ! Je suis tellement heureuse de vivre chaque jour avec Jésus et j’ai faim de sa parole et de son pain. Hier, j’ai passé toute la journee très près de Lui et je ferai le maximum pour qu’aujourd’hui je sois en symbiose avec Jésus.
Le soir venu…on se retrouve seule, on vient de perdre son compagnon après près de cinquante ans de vie commune; partageant tout; les bons et les mauvais moments; on a faim, on a froid dans son coeur. Quelle nourriture peut nous requinquer ? Qui peut combler ce manque ? qui peut nous rassasier ? Celui qui a ouvert tout grands ces deux bras sur la Croix. Lui qui se donne dans l’Eucharistie. Quel bonheur ineffable de te recevoir Seigneur, il n’y a que Toi pour apaiser ma faim. Quel bonheur aussi quand je vais chercher le ciboire, que j”ai dans mes mains le Pain de Vie, le Corps Sacré du Seigneur et je que l’offre avec émotion, avec amour à mes frères; c’est une joie indescriptible de partager ce Pain béni. C’est Toi qui l’as dit Jésus : donnez-leur vous même à manger.
Le Seigneur est saisi de pitié devant cette foule affamée de pain mais aussi de la Parole. Cette humanité qui dérive au gré des évènements, sans repaire, sans espoir, qui déserte les églises. Mais en Irak, en Syrie et dans tant de pays, les chrétiens sont spoliés, tués, obligés de quitter leur pays et qui malgré tout gardent la foi. Que nos prières montent vers Toi, Seigneur pour que le monde bouge, que les hommes politiques réagissent devant tant de souffrance, d’injustice. Que chacun, selon nos moyens, nous sachions leur venir en aide; une goutte d’eau devant tant de besoins. Mais la petite goutte d’eau a façonné les stalactites…
Prions Dieu et gardons l’espérance pour que nos frères puissent vivre en paix dans leur pays et manger à leur faim.
De l’Afrique,
Bjr! Moi qd je lisais ce texte il ne m’a pas paru que Jesus ait multiplié le pain avant de le distribuer. En effet ce mot “multiplication de pain” n’est pas dans le texte. Il me semble qu’il a distribué seulement ce qui etait disponible et ca suffisait pour tout le monde! Plus les disciples les distribuaient, plus il y en avait! En cette situation de crise et de chomage stressants, doit-on encore attendre d’en avoir assez pour nous-meme pour etre genereux? Seule la generosité et solidarité nous font bien exprimenter la surprenante Providence de Dieu.
Merci pour l’homélie toujours riche en enseignement et qui ouvre lesyeux et nous fait sortir de notre coquille !!
L’Evangile nous dit qu’il y eut 12 paniers pleins. A la fin de la messe, j’ai dit aux gens : “N’oubliez pas le vôtre et dimanche prochain, vous reviendrez pour le remplir de nouveau”
Bravo pour ce conseil ! c’est mieux que le “ite missa est” d’autrefois; car la messe n’est pas finie ! heureusement que nous avons le dimanche pour venir chercher notre panier et faire le plein pour refaire nos forces.